Histoires de l'oeil

L’âge d’or de la peinture hollandaise (XVIIe)

Au XVIIe siècle, les ruptures politiques et religieuses successives – réforme protestante et contre-réforme catholique – ont divisé l’Europe en deux camps artistiques. Dans les pays catholiques (Italie, France, Espagne…) et les Flandres s’est développé le baroque, style de plus en plus « imposant » au fil du siècle. Du côté protestant, l’art fut terriblement impacté par la Réforme : les artistes ne pouvaient plus compter sur les commandes d’église qui jusqu’ici les faisaient vivre, car de nombreux calvinistes refusaient les « représentations » – tableaux et sculptures – (prélude aux crises iconoclastes).  En Angleterre, ou en Allemagne, cette situation a quasiment sonné le glas des vocations pour les métiers de peintre et de sculpteur. Seuls les maîtres hollandais – au rang desquels Rembrandt et Vermeer – ont su s’adapter en se spécialisant dans les genres acceptés : portraits, scènes de genre, paysage et nature morte.  Leur style « naturaliste » par héritage (cf. cours sur les primitifs flamands) sera, dans la deuxième moitié du siècle, malgré tout influencé par le baroque dominant.

L’art des Pays-Bas protestants était au début du XVIIe siècle particulièrement affecté par la réforme protestante. Tandis que les Pays-Bas méridionaux (la Belgique actuelle) restèrent attachés au catholicisme (cf. ci-dessus Rubens, à Anvers), les provinces septentrionales protestantes se soulevèrent contre leurs maîtres catholiques, les espagnols, lors de la sanglante Guerre de trente ans. Ne pouvant plus compter sur les commandes de l’église protestante, qui refusait les représentations (tableaux et sculptures), les artistes du Nord ne peignaient plus guère que des portraits, des scènes de genre et des paysages. Marqués par une tradition naturaliste, ces derniers s’inspiraient néanmoins de ce qui se faisait ailleurs, et notamment en Italie, centre culturel de l’époque.

Le banquet des officiers de la compagnie de Saint-Georges, 1616, Frans Hals (1580?-1666).

Hals, dans la tradition du Nord, réalise des prouesses de sincérité : les personnages semblent transposer du réel au tableau, sans souci de traduire la dignité ou le caractère aristocratique du modèle, comme c’était alors le cas chez les maîtres du camp catholique (jusqu’à Rubens ou Vélasquez). « La technique même de Hals, la vivacité de sa touche montrent qu’il s’efforçait de fixer rapidement une impression fugitive. Auparavant, les portraits s’exécutaient par l’exercice d’une longue patience » (E.H. Gombrich).

Pieter van der Broecke, v.1633, Hals.

L’oeuvre de Simon de Vlieger (1601-1653), peintre de marines, témoigne de l’essor de la spécialisation des artistes du Nord, amorcée dès le XVIe siècle.

Navire de guerre et différents vaisseaux dans la brise, v.1640-1645, Simon de Vlieger.

Moulin à vent près d’une rivière, 1642, Jan van Goyen.

Jan van Goyen (1596-1656) a représenté ci-dessus la banalité d’un paysage splendide (quand son contemporain Claude Lorrain s’attachait aux paysages de ruines antiques).

Autoportrait, v.1655-1658, Rembrandt.

Rembrandt van Rijn (1606-1669) est le peintre hollandais le plus célèbre de toute l’histoire de la peinture. S’il a fini sa vie dans le dénuement, son talent était néanmoins reconnu par ces contemporains.

Portrait de Jan Six, 1654, Rembrandt.

Rembrandt avait « cette connaissance de ce que les Grecs appelaient les « effets de l’âme » » (E.H Gombrich).

Le Christ prêchant, v. 1652, Rembrandt.

L’artiste réalisait ses gravures à l’eau-forte, technique qui lui permettait une plus grande rapidité, et donc une plus grande liberté, de réalisation que la gravure au burin.

Repas de baptême, 1664, Jan Steen.

Jan Steen (1626-1679) fut l’un des grands peintres de genre de cette période. Il représentait les scènes populaires de manière très détaillée.

Paysage de montagne avec chute d’eau, entre 1670 et 1680, Jacob van Ruysdael.

Nature morte, v.1653, Willem Kalf (1619-1693).

La nature morte fut un autre genre traité favorablement par les maîtres hollandais, qui s’essayaient sur le sujet à d’infinis effets de matière et de lumière. « Ces spécialistes éveillèrent le soupçon que le sujet d’un tableau était beaucoup moins important qu’on aurait pu le croire » (E.H. Gombrich).

La laitière, v.1660, Jan Wermeer.

« On pourrait dire que [l]es tableaux [de Jan Wermeer] sont des natures mortes comportant des figures humaines […] Vermeer atteint à une précision extrême dans le rendu de la matière, de la couleur et de la forme » (E.H. Gombrich).

Sources :

  • Les pays du Nord au XVIIe siècle, David Mandrella, cours du soir 2011-2012 de l’école du Louvre, Fondation Rachel Boyer.
  • Histoire de l’art, E.H. Gombrich, Faidon.
  • Tout sur l’art, panorama des mouvements et des chefs-d’oeuvre, Flammarion.

2 Commentaires

    • Il est vrai que ce cours est trop succinct (j’ai d’ailleurs prévu de le retravailler – ainsi que le plan des cours consacrés aux peintres du Nord – en mars). La peinture de genre de Steen est très représentative, mais je ne sais pas si je le développerai beaucoup… Qu’est-ce qui vous intéresse ? Merci pour votre commentaire.

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